Chapitre 45 : Donjon, scène deux

• Tirons au sort avant. Nous n’aurons peut-être pas à tous les détacher, proposa la pragmatique Lady Christine, alors que je cherchais encore ce qui nous attendait.

Ma maîtresse n’avait pas dit un mot depuis le début de la précédente activité.

• Nous avons à nouveau quatre tirages, le soumis, l’objet, l’endroit et le nombre, précisa Maîtresse Diane que le hasard amusait, excitée probablement par ces jeux qu’elle avait préparés.

• Pour l’objet et l’endroit, je propose qu’on ne fasse pas de présélection, dit Lady Christine. En revanche pour le nombre, je ne veux pas entendre cinq ou dix. Nous devons être intraitables. Nos soumis nous ont tous déçus. Ils ont été mauvais ce soir. Ben n’a pas donner satisfaction à Ladyscar. Nathan s’est trouvé mal, probablement les conséquences d’une vie malsaine de malbouffe et de tabac et le nouveau a tendance à être sarcastique, il n’écoute pas et renverse du vin sur la robe de notre hôtesse.

Je voulais répliquer devant ce procès injuste, mais il était aussi sans appel. C’était typiquement ce à quoi je m’attendais, quelque part même que j’espérais. Être puni pour de mauvaises raisons, ou volontairement rebelle de ma part pour de bonnes !

• Combien proposez-vous ? demanda Ladyscar.

• Vingt, trente et cinquante, répondit Lady Christine.

• Vendu ! répondit Maîtresses Diane, validant un vote jamais demandé. Je sors mes jeux de carte pour l’endroit et l’objet.

• Nous pourrions garder les mêmes soumis ? tenta Lady Christine.

• Non ! répondirent en même temps les deux autres maîtresses.

J’avais du succès, me dis-je espérant qu’elles aillent un peu plus vite. J’étais pressé de me nettoyer. Même si la douleur n’empirait plus, cela démangeait de plus en plus, et je risquai si je continuai à me trémousser de soutirer une seconde punition. Le fait d’être attaché avait ses avantages, je ne me grattais pas ce qui, comme pour des orties, devait diminuer les inflammations.

Nathan tira le premier. Le sort tomba sur Lady Christine sa maîtresse, le dos, la cravache et les cinquante coups. Je réalisai seulement en entendant les résultats que nous allions nous faire battre, fouetter, cravacher ou que sais-je encore.

• A toi ! m’ordonna Maîtresse Diane en me tendant d’abord les cartes.

Toujours allongé sur le chevalet et avec les poignets attachés, c’est à peine si je pouvais les atteindre toutes. Je sortis finalement le chat à neuf queues. Je ne connaissais pas ce nom et recherchait dans le regard de Maîtresse Diane, une information m’aiguillonnant sur la douleur que je m’apprêtais à subir.

Rien ne vint ; son regard restait éteint. Je poursuivis, tirant une autre carte. L’endroit indiqué dessus fut les fesses. Instinctivement j’appréciai. Je n’aurais pas fait d’autres choix, si cela dépendît de moi. Pour les papiers, comme pour la carte, la chance me suivit, vingt coups et Ladyscar furent les deux derniers que je pris.

Une gifle me claque le visage.

• Un soumis ne doit pas sourire, dit Maîtresse Diane, déçue une seconde fois.

Je ne pus m’empêcher de la regarder dans les yeux et de réaliser, avec mes doigts et ma langue, des gestes obscènes, lui rappelant le cunnilingus que j’avais perpétré sur sa personne. Je cherchai vraiment la punition. Je vis ses cuisses se contracter comme pour se protéger, puis vint une seconde gifle.

• Heureusement que nous l’avons tout ce weekend car il a besoin d’un dressage intensif. D’ici deux jours, tu ne pourras même plus penser à de telles facéties, me chuchota-t-elle avant de me cracher sur le front.

Elle avait choisi le moment et l’endroit. Ne pouvant me détacher, la salive coula lentement jusqu’au sommet de mon nez entre mes sourcils et guidé par l’arête, obliqua vers ma cavité oculaire. Je fermai l’œil droit alors que le fluide visqueux atteignit ma joue, poussé par la gravité, jusqu’à la commissure de mes lèvres.

• C’est le seul que nous n’ayons pas à détacher, précisa-t-elle en se décalant vers Ben, certaine que je ne puisse m’essuyer.

Je ne voyais pas ce qu’ils faisaient. Je n’entendais que leur voix quand ils avaient annoncé le tirage de Ben, héritant de Maîtresse Diane et de trente coups, les cartes lui donnèrent le paddle sur les couilles.

A nouveau je remerciai ma chance, alors que la pâte agissait toujours. Je me trémoussai encore et Maîtresse Diane s’en rendit compte.

• Ben ! Allez-vous nettoyer le cul de cette huile. Je ne voudrais pas qu’elle vous incommode plus longtemps.

Ce geste ne provenait d’aucune compassion de sa part. il n’existait que pour m’enrager et plus probablement encore Ladyscar. De plus nous devions attendre encore. Je me frottai toujours à ce chevalet, m’engendrant encore plus de douleur, mais ne pouvant m’en empêcher.

• Il va finir par se faire du bien, commenta Lady Christine, du dégoût dans la voix. Empêchez donc le ! C’est votre soumis ! C’est à vous de le tenir correctement, comme un être civilisé, ajouta-t-elle.

Au bruit, Ladyscar, positionnée juste derrière-moi, enlevait la ceinture du strap-on et allait chercher un objet dans le râtelier derrière moi, probablement ce chat à neuf queues dont j’essayais d’imaginer la forme.

Elle revint vers moi, et sans un mot, sans prévenir, elle me cingla les fesses avec. Je criai plus par surprise que poussé par une douleur soutenable.